Sous l’administration française, dans le cadre du Département du Mont Terrible, Rollat aura encore l’occasion de se distinguer.
Il refuse de prendre le commandement des jeunes qui échappent à la conscription.
Il raconte les victimes de la guillotine.
Les jeunes refusent de servir la France
Une loi fut publiée pour la réquisition de l’armée des garçons depuis l’âge de 21 à 25 ans. Alors commença l’émigration de ceux-ci, les uns d’un côté, les autres de l’autre. C’est ce qui donna lieu au rassemblement sur le Mont, dont on me proposa le commandement, que je refusai sous prétexte qu’en l’acceptant je risquais de compromettre la Prévôté.
D’ailleurs, j’avais appris à Courrendiin combien il était désagréable de commander un corps indiscipliné. A mon refus succéda un nommé Schudi, de Schwytz, qui, 5 jours après fut obligé, avec son corps, de battre en retraite sur la Montagne de Moutier, poursuivi par un corps de troupes françaises. p.167
La guillotine dans la vallée
On érigea à Delémont un tribunal révolutionnaire, composé moitié de français et l’autre de ceux du pays. Ce tribunal était autorisé par la loi de faire promener dans tous les villages de la Principauté, l’instrument de mort vulgairement appelé la Guillotine, et trois individus, deux de Courtételle et un de Courfaivre ont été mis à mort à Delémont. Les deux premiers pour distribution de faux assignats et le dernier pour avoir crié : « Vive le Roi » p.167
Daucourt en transcrivant Rollat note :
La guillotine ne demeura pas en repos dans le Mont-Terrible, nous avons pu retrouver les noms de neuf victimes de cette infernale machine, dont cinq furent exécutés à Delémont.
Le 16 novembre 1793 fut guillotiné, sur la place de l’hôtel-de-ville, Georges Roll, de Courfaivre, pour avoir crié : « Vive le Roi ! au diable la Nation ». C’était un brave homme qui avait commandé le soulèvement des jeunes gens sur le Mont.
Le 25 février 1794, fut guillotiné Bourquin, le fils, de Courtételle, pour avoir dit « qu’il aimerait mieux servir l’Empire que cette race de chiens de Français ». Son père, François Bourquin, fut guillotiné le 2 mars suivant à Delémont, comme aristocrate. Le Conseil révolutionnaire, siégeant dans l’église de Courtételle, l’a condamné à mourir dans les 24 heures. Toute sa commune suivit son cadavre au cimetière de Delémont, comme protestation. Ses fils avaient pu se sauver en Suisse.
En 1796, deux braves chrétiens, Pierre et Philippe Léo, pour avoir caché dans leur maison à Delémont quelques religieuses des Fontenelles, furent guillotinés devant l’hôtel-de-ville. Les religieuses, avec la mère Garessu, des Bois, furent condamnées à la même peine et ne durent leur salut, qu’à un délai de l’exécution. Le chef, touché de leur sainteté, les fit évader en Allemagne. p.168
Les fausses dénonciations font des victimes. Voici une pierre tombale, au MJAH, qui porte l’inscription :
Sacrifié à la révolution par fausse dénonciation ...
guillotiné
L’argent sous forme d’assignats ne vaut plus rien
A ces misères, pour comble de malheur, était jointe la plus grande cherté que de mémoire d’homme on ait vu dans l’Evêché. Le boisseau de froment se vendait trois gros écus, celui d’avoine, un petit écu, encore ne pouvait-on pas avoir autant qu’on en aurait voulu. Une paire de boeufs maigres se vendait passé quarante Louis d’or et l’autre bétail en proportion, Les titres de Monsieur, de Madame étaient proscrits. On était obligé, sous peine de dénonciation, de traiter tout le monde de citoyen, de citoyenne. Le gouvernement s’empara des biens, des effets du Prince et des émigrés. Le château de Delémont fut vendu à l’enchère publique, en assignats, qui valaient en numéraires 18,000 francs.
Les forges d’Undervelier furent vendues en assignats pour 100 louis d’or et le pré de Voète pour le revenu annuel d’un an se montant à 100 louis. Les autres biens furent aussi vendus en conséquence. Ce qui les avait dépréciés, c’est que Son Altesse n’avait pas voulu consentir ni accorder la permission à ceux qui auraient désiré les acheter, dans l’espoir que retournant au pays, le Prince saurait déjà les revendiquer en faisant punir ceux qui auraient eu la témérité de les acheter. Il en était autrement ordonné, ces biens sont demeurés entre les mains des audacieux et les craintifs se sont repentis d’être restés dans l’inaction. Audaces fortuna juvat, timides que repellit. p.169
Daucourt note :
Les forges d’Undervelier avaient été établies, en 1598, par le prince-évêque Christophe de Blarer de Wartensee. Les premiers feux furent allumés en 1599. C’est ce prince qui rédigea lui-même les ordonnances et règlements sur l’exploitation des minières, des fonderies et des forges En 1793 ces forges furent vendues comme bien de la nation, à Paul Georges et à Cugnotet. Ce dernier devint seul propriétaire. puis ce fut son gendre. M. Finot. En 1879. la Société des forges de Choindez acheta les forges d’Undervelier, qui furent démolies en 1880, après 271 ans d’existence.
Dans plusieurs paroisses de la Vallée, comme à Mervelier, Corban, Courtételle, Pleigne Movelier, etc , de braves gens achetèrent à vil prix les biens de la dot de la cure et les restituèrent plus tard, contre remboursement de ce qu’ils avaient dépensé.
Rollat administre et note les événements
Une conférence réunit à Balsthal les députés du Prince-Evêque et ceux du Gouvernement provisoire. On s’entend pour abandonner à Son Altesse les revenus des forges de Courrendlin, mais pas le reliquat d’argent provenant des revenus de la Prévôté qui n’avait pas été employé par le gouvernement. (p.165)
Rollat va voir également l’arrivée des Français dans la Prévôté, en 1797, puis l’annexion du Département du Mont Terrible au Département du Haut-Rhin.
La carte et les informations des AAEB
En 1800, le Département du Mont-Terrible est supprimé et annexé au Département du Haut-Rhin, où ses territoires forment les arrondissements de Delémont et de Porrentruy.
Rollat va encore agir ...