Rollat rentre de Dunkerque à Paris. Il s’y arrête avant de revenir à Courchapoix.

Dans ses mémoires, il relate la révolution. A-t-il vu tous les événements qu’il raconte, il en a pour le moins été très proche.

Ce qui est certain : son point de vue est celui d’un homme de l’ancien régime, fidèle au roi et au système aristocratique.

La prise de la Bastille

Le 14 juillet, la canaille parisienne prit d’assaut la Bastille, prison où l’on renfermait les perturbateurs qui cherchaient, soit par paroles, soit par écrit, à renverser le Gouvernement.

Il faut dire, à la honte du chef qui a été inhumainement massacré, qu’il avait laissé cette forteresse sans force, car il n’y avait que 6o hommes. (p.143)

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Prise de la Bastille

Un morceau de Bastille à Delémont, au MJAH

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Pierre de la Bastille, MJAH, Delémont

...ces furies, insatiables de sang humain, en voulaient aussi aux jours de la famille royale. Pour assouvir leur rage, elles se transportèrent à Versailles, le 5 octobre de la dite année, au nombre de 40’000 hommes commandés par l’insigne Lafayette.

L’avant-garde, qui était composée en partie de d’hommes déguisés en femmes, se présenta au château dans l’objet de parler au Roi ; elle fut admise, mais en petit nombre. (p.143)...

...ces anthropophages ...

Le 6, à six heures, les grilles furent forcées, alors commença le carnage. Ils égorgèrent trois gardes du corps, auxquels ils coupèrent la tête, ensuite ils pénétrèrent, enfonçant toute résistance, jusque dans les appartements de la Reine et si Marie-Antoinette, archiduchesse d’Autriche, ne s’était sauvée chez le Roi en chemise, ces anthropophages auraient infailliblement trempé leurs mains dans son sang... P.144

En 1790, FF. Rollat apprend la mort de son père, le 3 janvier en laissant un testament avantageux pour moi. Sa mort me fit beaucoup de peine et cela d’autant plus qu’il y avait déjà du temps que je ne l’avais vu ... (p.145)

Assemblée nationale à Paris

l’assemblée des Etats, qui s’était arrogée le titre d’Assemblée nationale suivit la cour à Paris ...

On exigea de notre Corps la prestation du serment de fidélité au Roi et à la Nation ...p.145 )

... l’Assemblée dite nationale ... décréta la vente des biens du clergé contre un papier monnaie, appelé assignat.

Les couvents, au nombre de quatre mille, furent d’une seule parole renversés. Les religieuses obligées de sortir, furent en partie fouettées publiquement dans les rues de Paris...

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Fermeture des couvents

Tous les ecclésiastiques étaient astreints, par serment de se soumettre (à la constitution civile du clergé) s’ils ne voulaient se faire bannir ... (p. 146)

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Prêtre jureur

Le roi cherche à s’enfuir

Le Roi, se voyant avili et méprisé, ne se croyait plus en sûreté, projetait de sortir de son royaume.

Le 21 juin 1791 fut le jour de son évasion ... mais il fut arrêté à Varennes, à quelques lieues de la frontière...

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Le roi reconnu sur un assignat

Il fut reconduit avec la Reine, Madame Elisabeth, sa soeur, avec le Dauphin et sa soeur, à Paris ... où il fut mis en arrestation dans son palais.

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Caricature du retour à Paris

Le frère du roi a pu s’enfuir, en abandonnant ses serviteurs

Monsieur et Madame, qui avaient pris un autre chemin, eurent le bonheur d’atteindre le pays étranger. Leur maison (serviteurs et soldats) ne sachant que devenir ... demeura six mois sans être soldée.

Les officiers avaient disparu et nous avaient abandonné à notre malheureux sort. (p.147)

FF. Rollat est l’un des trois députés désignés pour faire les démarches nécessaires pour nous faire payer notre solde et poursuivre le licenciement de la maison militaire de ce prince.

Rollat est délégué au club des Jacobins, il y fait un discours. je fus celui qui y montai (à la tribune) ... on applaudit beaucoup, il y avait au moins 3000 personnes ... p.148

Il obtient en partie satisfaction. Il cherche ensuite un nouvel engagement militaire, renonce à un régiment français,

je fus de suite dégoûté d’entrer dans un régiment où je ne connaissais personne et où des soldats indisciplinés et imbus des principes de la Révolution méprisaient et chassaient leurs officiers... (p. 149) .

Il adresse une lettre au prince-évêque de Roggenbach pour entrer dans le régiment de Reinach. Il attendra plusieurs mois avant de recevoir son engagement et l’ordre de se rendre à Dunkerque. Il vend ses meubles et arrive en juin à Dunkerque.

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Citadelle de Dunkerque

Aux Tuileries, le massacre de la garde

FF. Rollat n’est pas à Paris, le 10 août. Il raconte tout de même cette journée.

Le roi Louis XVI avait dû quitter Versailles pour les Tuileries, à Paris.

Le Club des Jacobins... cherchait par tous les moyens l’humiliation, le mépris et l’anéantissement du gouvernement monarchique...

Ce Club préparait, le 10 août pour faire périr le Roi avec toute sa famille ...

il avait fait venir...des galériens de Marseille à qui il avait fait rendre la liberté...

Les soldats suisses, des mercenaires, défendent le roi et se font massacrer.

ces infâmes (les révolutionnaires) se permirent des horreurs sur les cadavres des Suisses, entre autres de leur arracher le cœur que leurs femmes mangeaient ... P.151

Un autre récit de la prise des Tuileries

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Tuileries_10 août 1792

En savoir plus sur cette journée du 10 août 1792

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Tuileries_10 août 1792

Rollat est frappé par ce qu’il appelle la lâcheté du roi. Celui-ci interdit à sa garde de tirer.

Si le Roi, qui n’était rien moins que soldat, se fut mis à la tête des Suisses, il aurait fait mordre la poussière à ces bandits, parce qu’un grand nombre de Parisiens et d’autres qui attendaient sa résolution, se seraient jetés dans son parti...il préféra se réfugier avec toute sa famille entre les bras de ses ennemis... (p.151)

La famille royale est retenue prisonnière au temple.

Licenciement de toutes les troupes étrangères, Rollat rentre au pays

Le 25 septembre 1792, la nation française, s’érigea en République une et indivisible... elle licencia toutes les troupes étrangères que le gouvernement monarchique avait entretenu à sa solde.

Je quittai non sans regret la ville de Dunkerque dont l’air trop vif, imprégné des vapeurs de la mer nuisait à ma santé.

Si je n’ai pas eu le scorbut, je ne l’ai dû qu’aux bains de mer que j’ai pris pendant huit jours consécutifs.

Je partis donc quelques jours après le licenciement dans l’intention de m’en retourner au pays, à Delémont ou à Courchapoix.