Quand les Français occupèrent la Prévôté, FF. Rollat fut nommé agent de sa commune. A ce titre, il était chargé d’exécuter les ordres qui concernaient le haut du Val Terbi.

En cas d’invasion, Rollat sait que Berne ne réagira pas.

FF. Rollat avait pris la température politique, à Berne. Il s’inquiétait de connaître quel appui Berne fournirait à ses combourgeois du Jura Sud. Ayant appris que Berne ne ferait rien, il n’a pas été étonné de voir les Français occuper la Prévôté, l’Erguël, la Neuveville et Bienne sans coup férir.

Le Directoire a fait envahir ces régions le 15 décembre 1797. Rollat indique que Bonaparte, à 28 ans, vient d’imposer le traité de Campoformio et qu’il va bientôt partir pour la Campagne d’Egypte.

Le Directoire profite de ce moment de puissance pour étendre ses possessions en reprenant les droits des princes des territoires occupés. Dans le Jura, il revendique l’ensemble de la principauté et occupe donc le Jura Sud, partie combourgeoise de Berne, soit

  • la Prévôté, donc également la Prévôté sous le Roches 
  • l’Erguël, 
  • la Neuveville 
  • Bienne

Les Prévôtois comptent sur Berne pour secouer le joug onéreux des Français ...

Rollat leur fit perdre tout espoir , il leur raconte une conversation secrète tenue à Berne avec un conseiller d’état.

Rollat avait demandé

si dans le cas où la Prévôté serait envahie, on pouvait compter sur les forces de LL Ex (leurs Excellences de Berne).

Il me répondit tout bonnement que loin de compter sur icelles, leur gouvernement, attendu la quantité de patriotes qui étaient dans le canton, n’aurait seulement pu, au cas particulier, repousser l’ennemi, que nous devions agir prudemment avec nos voisins et les ménager au point de ne leur donner aucune occasion de mécontentement.p. 170

Rollat est stupéfait :

Ce discours fut un coup de foudre pour moi, j’en fis un secret pour moi seul ...

Meunier et agent communal des Français.

En janvier 1798, Rollat devient meunier. Le moulin de Courchapoix se trouvait deux maisons au-dessus de l’immeuble construit par Rollat. C’était le domicile de Xavier Dominé.

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Moulin et canal

Repérage du canal d’amenée d’eau, du moulin et de la maison de FF. Rollat.

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Plan de situation

Je devins meunier. La force armée me nomma provisoirement agent de ma commune avec injonction de me rendre à Moutier pour y prêter serment, auquel j’aurais bien désiré me soustraire, mais je craignais de me compromettre et de passer vulgairement pour aristocrate que j’étais. Enfin, j’obéis ...

Rollat reçoit l’ordre de construire un pont.

Quelques temps après, (début 1797), je reçus l’ordre de faire construire un pont à la Cran, sous prétexte que nonobstant la quantité de troupes qui encombraient les villages de Courchapoix, Corban et Mervelier, où les plus forts ménages en logeaient 20 hommes, il en viendrait encore avec du canon, ce qui n’arriva pas.

De là je conjecturai que la France voulait s’emparer de la Suisse dans trois fois vingt-quatre heures.

On put passer avec voiture sur le pont dont j’ai parlé.

Je fis inviter toutes les communes environnantes, qui s’y prêtèrent de bonne grâce. p.172

Il n’y avait donc pas encore de Pont de Cran ?

En effet, il fallait traverser la Scheulte à gué, dans un espace marécageux.

Par grandes eaux, on ne pouvait pas passer et il fallait prendre le vieux chemin, le Vevie qui par le Petit-Bâle, traversait la Chèvre (le ruisseau de Montsevelier) par un ancien pont voûté, montait dans le pâturage et filait vers Tevie, où on pouvait redescendre dans la vallée par un chemin très raide, ou continuer à flanc de coteau pour arriver à Recolaine par le Boutchu. Peu après la ferme de Tevie, se trouvait le cimetière des Suédois qui datait de la Guerre de Trente Ans (1640).

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Chemins de Courchapoix 1826

Voici le plan des chemins de Courchapoix levé en 1828.

On distingue l’ancien chemin, qui part du pont sur la Chèvre juste au-dessus de l’écusson bernois.

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Tracé du Vevie - vieux chemin

Voici le trajet du chemin, on le distingue encore par endroits dans la petite forêt au-dessus du Grand chêne. La boucle à droite correspond au tracé actuel.

C’est le trajet du sentier AJTP Vicques-Courchapoix.

Le passage à gué de la Scheulte n’était pas toujours facile. Courchapoix avait invoqué cette raison pour se séparer de la paroisse de Vicques, c’est une autre histoire.

Rollat construit donc le Pont de Cran. C’est un pont de bois, construit rapidement, selon les techniques des sapeurs militaires, probablement, puisque Rollat, ancien officier, les connaissait.

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Pont de Cran, 1852

En 1852, il a été remplacé par un pont voûté en pierres. Il existe encore à l’ouest du nouveau pont en béton.

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Pont de Cran

Ses murets ont été remis en place, on voit encore les traces de descellements. Ils avaient été renversés dans la rivière par une action du Bélier pour montrer la grogne des Jurassiens par rapport à l’inaction de Berne dans l’amélioration des routes.